" Je crois que nous avons mis plus de temps à décider de divorcer qu’à décider de nous marier. Nous savions bien que cela n’allait plus. Nous vivions deux vies sous le même toit. Nous étions incapables de nous parler. D’échanger. De nous parler de nous ou plus clairement du « non-nous » qui s’était installé… Nous avions perdu les clefs. Nous avions même cessé de nous disputer pour le plus grand plaisir des enfants. C’est ma fille qui nous a réveillé. Elle avait 16 ans et alors que nous dînions dans la cuisine dans le plus grand des silences, elle s’est mise à sangloter. Et alors que nous lui demandions inquiets ce qui se passait, elle nous a regardé avec douceur en disant « Combien de temps encore ? Combien de temps allez-vous tenir ? Quand allez-vous enfin décider de vous séparer ? » Mes fils avaient le nez plongé dans l’assiette. Les enfants ont quitté la cuisine discrètement et nous nous sommes enfin avoués qu’il fallait en finir. Que même si notre amitié était intacte, notre amour s’était enfui depuis longtemps. Je crois que nous étions incapables de constater cet échec. Nous avons parlé… Enfin… Pleuré ensemble. Décidé de faire les choses bien. Il a proposé de partir. De s’installer ailleurs. Je gardais la maison… Nous verrions tout cela après. C’est la certitude de vivre un divorce respectueux qui m’a permis de tourner la page. "
Suzanne, 49 ans