" Mon pire cauchemar, c’est l’annonce aux enfants. Nous avions tenu ferme jusque-là mais de les voir se décomposer et de voir ma femme se mettre à pleurer, devant eux, cela m’a anéanti. J’en garde une immense culpabilité même si ma vie d’après est exceptionnelle, j’ai cette conscience de leur avoir fait du mal. D’ailleurs, je sais que mes enfants ne m’ont pas réellement pardonné. Ils sont heureux pour moi mais il y a toujours une grande tristesse lorsque nous nous quittons après un chouette week-end. Je ne sais pas si je me pardonnerai un jour. Mais je ne pouvais plus vivre sous le même toit que celle qui était devenue mon étrangère. "
Loïc, 31 ans
" Nous avons divorcé comme nous nous sommes mariés, la fleur au fusil. Nous étions si jeunes et insouciants. Je me souviens encore de mon émoi lorsqu’elle m’a dit oui… Nous avons grandi ensemble puis nous avons compris qu’il était temps de prendre la route, séparés. Nous avons choisi le même avocat, nous n’avions rien à partager ! Pas d’enfant, pas de bataille ! Il disait que notre divorce était apaisant. Il nous arrivait même d’échanger des plaisanteries avec lui. Nous répondions oui à tout. Nous étions d’accord sur tout. Après la signature des derniers documents, nous nous sommes retrouvés bras ballants devant la porte de son cabinet. Dépités. Nous sommes allés boire une bière et une chape de plomb nous est tombée sur les épaules. Nous avions toujours joué à être mariés, et là, l’histoire s’arrêtait. Quand les papiers de divorce sont arrivés, nous avons bu un dernier verre ensemble. Nous avions chacun un scoop à partager. Je partais vivre en Angleterre et elle en Australie. Elle n’en est jamais revenue et s’y est remariée. Elle est maman de 3 enfants et je suis resté libre comme l’air… "
Charles, 36 ans
" Mes parents ont divorcé quand j’avais 12 ans. J’en garde une douleur comme un trou noir. Des années après alors que je sais qu’ils sont véritablement heureux, je souffre encore en pensant au temps d’avant. Je me vois encore éclater de rire, accrochée à leurs deux mains. J’ai eu du mal à comprendre comment on passait du rire aux larmes. Leur divorce a fait de moi une femme blessée. Je ne suis pas capable de m’engager à mon tour. Je ne veux rien céder pour ne rien perdre. Je me dis chaque jour qu’il est temps de consulter ! "
Candice, 19 ans
" Il m’a quittée après 30 ans de mariage ! Je suis restée abasourdie par le choc. Évidemment, il avait rencontré une autre femme, sur son lieu de travail. J’avoue que l’histoire de l’autre n’était pas la question principale. Celle qui me taraudait, c’était notre famille. Allait-il vraiment faire exploser notre famille ? Face à ces certitudes, je me suis complètement laissée couler. J’aurais pu batailler. Lui gâcher la vie. Le freiner dans sa décision. Mais j’étais en état de choc et je le suis restée longtemps. Tant et si bien que je me suis retrouvée seule, ma maison vendue, sans pension puisque je travaillais. Je ne me suis pas réellement défendue. J’étais comme un animal qu’on mène à l’abattoir. J’ai signé ce qu’il voulait et je me suis laissée plumer… Je suis enfin en colère et ça me fait du bien. J’ai repris pied. Le divorce est une immense blessure narcissique quand on le subit. Une thérapie m’a sauvée la vie. Je me suis enfin prise en main… "
Émilie , 58 ans
" J’ai pris ma première cuite quand mes parents m’ont annoncé leur séparation ! De joie ! Je n’avais connu que des disputes et des diners silencieux. Une atmosphère invivable. Je passais ma vie sur le canapé de mes potes. Je crois que je suis né avec deux adultes qui se faisaient la gueule du matin au soir. Pas facile de grandir avec ces tristes sires. Quelques mois après, j’ai rencontré deux adultes-ados. Comme s’ils avaient enfin enlevé des chaussures trop petites. Ils riaient, s’éclataient. Quel plaisir de les voir sourire à la vie, chacun de leur côté. Ils sortaient de leur hibernation et moi, j’étais enfin tranquille avec mes potes. Je suis tombé amoureux en même temps qu’eux. Nous sommes finalement tous en lune de miel ! "
Léo, 17 ans
" Quand je suis tombé amoureux, je me suis maudit. Je me suis dit que j’étais un moins que rien qui était en train de sortir du droit chemin. J’étais furieux d’être amoureux. J’étais le papa heureux d’un petit Pablo et il faut dire que notre couple était compliqué. Mais je tenais bon. J’essayais d’être un bon papa. Un mari patient. Nous n’avions plus de désir. Plus de relations. La vie entière s’était centrée sur Pablo. Le début de mon aventure fut enivrant. Forcément. Une fusion absolue. Comme tous les débuts. Nous vivions une romance cachée. Cela donnait du piquant à nos rencontres. Avec elle, je retrouvais la légèreté. Avec ma femme, la tension montait. Et puis elle est tombée sur nos messages. C’est tellement cliché que j’en ai honte. Honte de tout. D’avoir cessé de l’aimer. D’en avoir désiré une autre. De m’être fait prendre comme un gamin à cette double vie qui n’était pas du tout mon style. Nous en sommes vite arrivés aux avocats. Mais le plus terrible pour moi, c’est de comprendre que je n’aurais pas la garde de mon fils. J’étais incapable de penser que j’allais plus être avec lui tous les 15 jours. Moi qui lui avais donné le bain, le biberon. J’étais un papa poule… J’aurais aimé au moins une garde alternée. Elle a refusé. Je me suis retrouvé célibataire, dans un trois pièces, avec la chambre de mon bébé qui attendait un week-end sur deux pour prendre vie. Je n’étais pas prêt à perdre le quotidien avec mon enfant. C’est une souffrance cruelle. "
David, 33 ans
" Je crois que nous avons mis plus de temps à décider de divorcer qu’à décider de nous marier. Nous savions bien que cela n’allait plus. Nous vivions deux vies sous le même toit. Nous étions incapables de nous parler. D’échanger. De nous parler de nous ou plus clairement du « non-nous » qui s’était installé… Nous avions perdu les clefs. Nous avions même cessé de nous disputer pour le plus grand plaisir des enfants. C’est ma fille qui nous a réveillé. Elle avait 16 ans et alors que nous dînions dans la cuisine dans le plus grand des silences, elle s’est mise à sangloter. Et alors que nous lui demandions inquiets ce qui se passait, elle nous a regardé avec douceur en disant « Combien de temps encore ? Combien de temps allez-vous tenir ? Quand allez-vous enfin décider de vous séparer ? » Mes fils avaient le nez plongé dans l’assiette. Les enfants ont quitté la cuisine discrètement et nous nous sommes enfin avoués qu’il fallait en finir. Que même si notre amitié était intacte, notre amour s’était enfui depuis longtemps. Je crois que nous étions incapables de constater cet échec. Nous avons parlé… Enfin… Pleuré ensemble. Décidé de faire les choses bien. Il a proposé de partir. De s’installer ailleurs. Je gardais la maison… Nous verrions tout cela après. C’est la certitude de vivre un divorce respectueux qui m’a permis de tourner la page. "
Suzanne, 49 ans