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Vidéo de notre thérapeute familiale partenaire Marie Baudin, sur la séparation conjugale et la manière pour l’annoncer aux enfants

on divorce : “D’après votre expérience quelles sont les principales conséquences d’une séparation sur la vie de famille ?” 

Thérapeute familiale Marie Baudin : 
“La séparation change radicalement la vie de famille. Il y a des conséquences au niveau physique. Les enfants vont changer d’espace, devoir les réorganiser et se les approprier. Il faut savoir que l’on minimise et banalise beaucoup l’intérêt que peut avoir une maison.

Il faut marquer son territoire pour se sentir bien. Il faut savoir que lorsqu’on déménage, nous mettons à peu près deux ans avant de pouvoir être dans une sécurité intérieure affective nécessaire pour pouvoir se sentir bien. Il y a déjà tout ce temps-ci à prendre en compte, puis par la suite, il y a également les perturbations au niveau psychologique en fonction de l’état du couple, de la séparation et de ce que chacun y met, ce qui va être déterminant pour justement cette stabilité dans la vie familiale, même séparée.


on divorce : “Quelles sont les répercussions pour les enfants ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
“Les répercussions sont colossales pour les enfants. Non seulement ils subissent un changement d’espace, mais il est surtout important de se demander quelle vision peuvent-ils avoir de leurs parents qui ne sont plus ensemble ? Le choc peut être grand, ce qui veut dire qu’ils apprennent qu’il est possible de ne plus s’aimer, et dans un second temps, ils peuvent finir par se demander si eux aussi peuvent être désaimés, et ça, ce sont toutes les conséquences psychologiques chez les enfants.


on divorce : “Pouvez-vous nous éclairer sur la meilleure façon de communiquer, d’annoncer cette séparation aux enfants ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
L’idéal est évidemment de pouvoir l’annoncer à deux, ce qui est vraiment une sécurité nécessaire au développement de l’enfant. Il est important de tout expliquer, peu importe l’âge. Les enfants sont en capacité de comprendre et de déjà pouvoir anticiper, et pour les déculpabiliser et leur faire saisir que vous avez tout essayé, et que la situation n’est pas de leur faute, que cela n’a rien avoir avec eux.

Ainsi, l’attitude de chacun des adultes est vraiment très importante. Il faut toujours être dans cette démarche de bienveillance, d’écoute des questions de vos enfants et surtout de répéter ce à quoi on n’est peut-être pas habitué dans la durée, que les choses vont être organisées comme ci ou comme ça. Aussi, ne pas dénigrer l’autre parent est très important.”


on divorce :”Quand l’autre sait qu’il est dénigré par son ex conjoint devant ses enfants, quelle est la meilleure manière de réagir, toujours dans l’intérêt de l’enfant ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
“Dans l’intérêt de l’enfant, il est vraiment capital de ne pas réagir en escalade, de ne pas être en miroir face à ces mots difficiles, à ces dénigrements et de peut-être, si l’enfant en parle, de pouvoir intervenir en parlant des émotions. Peut-être que ce que l’autre vie est dû à de la colère ou bien de la tristesse. Décoder un petit peu avec l’enfant le fait que les actes ou les mots sont la conséquence d’émotions difficiles pour celui qui dénigre.”


on divorce : “L’annonce de la séparation est-elle plus importante chez les enfants en bas âge ou chez les enfants plus vieux ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
Je pense que, quel que soit l’âge de l’enfant, une séparation est un moment important dans le vécu d’un enfant, quel que soit son âge. La première séparation intervient lorsque l’on sort du ventre de sa mère, ce qui est déjà un marqueur, et ensuite, il s’agit de continuer de vivre en n’étant plus à l’intérieur de cet habitacle si chaud, et pour le coup, au niveau des réseaux de mémoire, l’enfant en bas-âge à un réseau de mémoire beaucoup moins complexe et moins chargé qu’un enfant plus grand. C’est comme le disque dur d’un ordinateur, donc c’est peut-être pour ça qu’on a eu tendance à penser pendant des années que les bébés ne ressentaient rien, sauf qu’aujourd’hui on sait que c’est faux.

Il peut ressentir la douleur, notamment au travers du vécu de ses parents. Ainsi, il s’agit de l’état des parents qui va être le marqueur de l’impact chez le tout-petit ou chez le plus grand aussi. Il y a des tas de situations où l’on voit qu’à peine tout bébé, l’enfant se retrouve marqué pendant des années par cette séparation parce qu’elle fait encore conflit. Des conflits qui durent pendant 16-17 ans, et donc, on ne peut pas dire que l’enfant n’a rien ressenti. La douleur est toujours présente en toile de fond, car l’un ou les deux parents concernés dans cette situation ont eu des douleurs importantes, des vécus peut être traumatiques, des histoires familiales qui leur sont propres aussi et qui sont venus se mêler à la naissance de cet enfant.”


on divorce : “Que faire pour ne pas que l’enfant culpabilise et tente de réconcilier ses parents ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
Pour que les enfants ne tentent pas de réconcilier leurs parents, les parents ont un rôle majeur à jouer, qui est de rappeler à l’enfant que ce n’est pas à cause de lui qu’ils divorcent ou qu’ils se séparent. En expliquant à l’enfant cela, il va pouvoir se sentir aimé pour les bonnes raisons et ne jouera pas le rôle de la réconciliation ou d’apporter du réconfort a des endroits où ce n’est pas son rôle. »


on divorce : “Du coup cette annonce ne peut-elle pas générer en eux un sentiment d’abandon ?

Thérapeute familiale Marie Baudin :
Oui, un sentiment d’abandon peut naître chez l’enfant, car il peut très vite faire une association entre le fait que si ses parents ne s’aiment plus, il pourrait lui aussi à son tour ne plus être aimé, ce qui peut-être une situation catastrophique. Dans l’idée, il s’agirait de lui faire ressentir que l’amour que le parent entretient vis-à-vis de lui est indestructible et qu’il ne s’agit pas d’une séparation de l’amour des parents vis-à-vis de l’enfant, mais plutôt du couple conjugal. De plus, cette différence est difficile dans la tête des enfants, ce qui n’est pas évident, car ils n’arrivent à se représenter ces deux systèmes.

Pour le moment, ils font cette confusion entre le couple conjugal et le couple parental. Lorsque je parle de confusion, il s’agit plutôt d’une harmonie à trouver entre ces deux systèmes-là, et l’enfant doit arriver à s’y repérer. Au début, il y aura des perturbations, ce qui est normal, mais justement, l’accompagnement que le parent va pouvoir apporter lui permettra de défier ce sentiment d’abandon et lui permettre d’accepter que ce ne soit pas de sa faute si les parents se sont quittés. »

Lorsque l’on annonce la séparation aux enfants, nous cassons une certaine routine, et l’idée serait de les projeter vers une nouvelle routine pour que l’enfant puisse retrouver ses repères. Tout est une question de sécurité intérieure. Notre système nerveux a une fonction qui s’appelle la neuroception, c’est-à-dire capter l’environnement pour se sentir en sécurité, et l’organisation de cette nouvelle routine va permettre de poursuivre ce développement chez l’enfant.

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